Théos et
Athéos
Cela m’a toujours étonné quand on me dit que les espagnols sont tous catholiques. Moi, dans ma
famille je n’en ai connu aucun. Et dans mon enfance, autour de moi ceux qui allaient à la messe étaient présentés politiquement comme les partisans du régime mais jamais on ne me parlait de
la sincérité de leurs croyances ou de la possibilité qu’elles le fussent. C’est normal, s’ils avaient
été chrétiens ils n’auraient jamais permis ni supporté un tel carnage.
Avant la guerre ma grand’mère Cinta m’avait porté sur les fonds baptismaux en cachette de son fils, mon père, les Fornós ne s’en mêlèrent pas,
mais ma mère disait toujours qu’elle ne l’aurait pas fait. En ce qui concerne mon frère il fallut le baptiser en âge scolaire pour qu’il puisse aller à l’école. C’était chez les Frères des écoles
chrétiennes mais à l’école publique il en aurait été de même, sous Franco.
Je connais plus d’anecdotes de ma famille maternelle que des Cugat,parce que j’ai été élevée par elle. Quand les dimanches j’allais à
l’Hostal, j’observais tout, comme quand on est reçu chez les autres. À la Muntanya (autrefois à Tortosa
on appelait ainsi le terrain avec caroubiers ou/et oliviers avec une maisonnette pour le matériel agricole, où souvent ils passaient l’été) Pour la
Muntanya n’était plus ça, elle était devenue résidence définitive car la guerre et les bombes nous avaient laissé sans maison en ville et sans argent pour les reconstruire.
Je sais des belles histoires de mes arrières grand’parents Fornós et des Tomás, ou pour mieux dire de mes arrières gran’mères, la grand’mère
paternelle de ma mère, Carmen ou Dolors (?) Estorach, passait un jour Porte de l’Angel et elle et ses amies virent tomber d’un échafaudage un jeune maçon et ma bisaïeule dit :
-Moi , je ne me marierai jamais avec un maçon, jamais.
Et non seulement elle se maria avec un maçon mais encore elle épousa le même qui, ce jour là, était tombé d’un troisième étage devant ses yeux,
mon bisaïeul Antonio Fornós lo Rasquerà.
Parallèlement un jour ses amies dirent à mon arrière
grand’mère Raimunda Sol qui était fille du métayer du Marqués de Bellet, à Mianes :
- Munda as-tu vu comme il est beau garçon le nouveau berger qui est venu cette année avec ses chèvres ?
Et elle répond :
- Celui-là est pour vous, il est trop jeune pour moi
Et c’est avec celui-là qu’elle se maria : mon aïeul José Tomás lo Pastor
qui possédait cette Muntanya, ma Muntanya, pour garder ses chèvres et qui n’a pas voulu m'embrasser quand je suis née et je lui ai été présentée,
- non, ne l’approche pas, elle va attraper ma
vieillesse.
Pour celui-ci, le Yeyo Jusapet, je ne sais pas mais la famille de Raimunda, ces Sol là,
ils étaient dejà athées (vers 1870) depuis qu’un jour de Carême, le Marquis était venu chasser dans la propriété de Mianes avec un chanoine (ou
l’évêque je ne me rappelle plus). Ayant chassé un lapin ils avaient demandé à la métayère, la mère de Raimunda, mon arrière-arrière-grand’mère de le cuisiner et comme elle faisait observer qu’on
était en Carême et le lapin de la viande… Le chanoine (ou l’évêque) avait pris le lapin et traçant un grand signe de croix sur lui, il avait
dit "carpa baptisatus est " et le tendant à
mon arrière-arrière-grand’mère il dit : «tu peux me cuisiner cette carpe»
On m’a toujours raconté cette histoire comme vécue, de la même manière qu’on me
racontait les aventures de mon grand’père Antonio Fornós Estorach, le fils du Rasquerà et Rasquerà lui-même, à travers le monde à
la fin du XIX siècle, voyageant comme compagnon de maître en maître perfectionant son métier de maçon*
*paleta=albañil=maçon=
Quand il finissait une maison il avait l’habitude de monter tout en haut de la cheminée et de faire une culbute,
pieds en l’air mains appuyées sur les bords de la cheminée. Je trouvais qu’il était le digne fils du Rasquerà qui était tombé de l’échafaudage aux
pieds de ma bisaïeule.
Pendant mes études j’ai trouvé des récits similaires chez Erasme, La fontaine, Esope and Cº Il s’agissait du savoir populaire la tradition orale, que la societé actuelle a englouti en particulier
avec la veillée devant la Télé, à la place l’assujetissement du peuple, l’illustration des croyances que l’on veut qu’il ait, histoires édifiantes de curé, d’anges et de médiums.
Teos y Ateos
Siempre me ha extrañado cuando dicen que los españoles son
católicos.. Yo, en mi familia, nunca conocí a uno. Y en mi infancia, a mi alrededor, se presentaba a los que iban a misa políticamente como los
partidarios del régimen nunca me hablaron de la sinceridad de sus creencias o de la posibilidad de que existiera tal sinceridad. Normal si hubieran
sido cristianos no hubieran permitido ni soportado tal escabechina.
Antes de la guerra, mi abuela Cinta, me llevó a bautizar a escondidas de su hijo, mi padre, los Fornós no objetaron nada pero mi madre decía que ella no lo hubiera hecho, ¿el bautizo? o ¿a escondidas de mi padre?, en cuanto a mi hermano lo tuvieron que bautizar en edad
escolar para que pudiera ir a la escuela. Eran los Hermanos de las Escuelas Cristianas pero en la pública hubiera sido lo mismo bajo Franco.
Conozco más anécdotas de mi familia materna que de
los Cugat porque me crié con ella. Cuando los domingos iba al Hostal, lo observaba todo, como cuando vas de visita. En la Muntanya
(antaño los tortosinos llamaban
así el trozo de terreno con algarrobos y olivos, no muy lejos de la ciudad con una casita para los aperos en la que, a menudo, pasaban el verano) Para nosotros
la Muntanya no era eso, se había vuelto residencia definitiva porque la guerra y las bombas nos habían dejado sin casa en la ciudad y sin medios
para reedificarla.
Sé bonitas historias de amor de mis bisabuelos Fornós y Tomás, o mejor
dicho de mis bisabuelas la abuela paterna de mi madre (Carmen o Dolors (?) Estorach) pasaba un día por la Porta de L'Angel y ella y sus amigas vieron caer del andamio a un joven
albañil y mi bisabuela dijo
-Yo, casarme con un “paleta” nunca.-
y no sólo con un paleta se casó, sino con el mismo que se había caído del tercer piso ante sus
ojos: mi bisabuelo Antonio Fornós lo Rasquerà.
Paralelamente a mi bisabuela Raimunda
Sol que era hija del mitger del Marqués de Bellet en Mianes le dijeron sus amigas
-"Munda ¿has visto que buen mozo el nuevo pastor que ha venido con sus cabras este
año? "-
y ella respondió
" Ése para vosotras, para mí es demasiado joven "
y con ése se casó: mi bisabuelo José Tomás lo Pastor el que poseía ésta, mi Muntanya, para guardar
sus cabrasy que no quiso besarme cuando nací y me presentaron a él:
-no, no la acerques podría pegarse la vejez
El Yeyo Josapet no sé, pero la familia de Raimunda ya eran ateos desde que un día de Cuaresma el Marqués había venido a su finca con el canónigo (o el
obispo no sé) a cazar. Al cazar un conejo y habían pedido a la mitjera, la madre de Raimunda, mi tatarabuela, que lo cocinara y como ésta observara que era Cuaresma y el conejo
carne, no se podía comer en cuaresma. El canónigo había cogido el conejo y haciendo el signo de la cruz había dicho " carpa
baptisatus est " y tendiéndolo a mi tatarabuela "ya puedes cocinarme esta carpa."
A mí siempre me han contado esta anécdota como vivida,
igual que me contaban todas las aventuras de mi abuelo Antonio Fornós Estorach, el hijo del Rasquerà y
Rasquerà él tambiénpor lo tanto, por esos mundos de dios a fines del siglo XIX, viajando de maestro
albañil a maestro albañilcomo compañero perfeccionando su oficio de*
paleta=albañil=maçon
aprendiendo de los diferentes maestros albañiles y cuando terminaba una casa, subido
en lo alto de la chimenea, hacía la voltereta, pies en el aire y manos en los bordes de la chimenea.
Digno hijo del Rasquerà que cayó del andamio a los
pies de mi bisabuela.
Durante mis estudios encontré narraciones
similares en Erasmo, La Fontaine
Esopo and Cº lo que dio una respuesta a la interrogación
que me acompañaba desde mi llegada a Francia ¿cómo podía ser que tuvieran las mismas vivencias?
Era el saber popular, la
tradición oral, que se ha cargado la sociedad actual en particular con la velada ante la televisión, fuera el sentir particular, en su lugar la sujeción del pueblo a las creencias que se quiere
que tenga, historias edificantes de curas de ángeles y médiums.