-
IV -De conventos y cárceles
Yo era tan chica que era incapaz de evocar a mi padre entre esa recua de presos... Sin embargo lo había visto entre rejas en Tarragona, en la Puntxa , se llama así por su campanario neogótico o gótico-modernista, se trata de una iglesia, en aquel entonces transformada en cárcel. En Tortosa también la Purísima, un convento de clarisas, era cárcel en aquellos tiempos, cárcel para políticos se entiende, estábamos en los primeros años del franquismo 1940/42.
Íbamos a visitar a mi padre, no sé cada cuando, supongo que cuando nos daban permiso, me acuerdo muy bien de la primera vez, primero lo ví entre rejas y le reconocí, una imagen y una voz grabadas en mí. No lo habíamos visto desde el 37 cuando lo movilizaron. los guardias se compadecieron y nos dejaron entrar a mi hermano y a mí. A mi madre no, nos tuvo abrazados en su regazo y nos preguntaba cosas.... Pero que andara así por la rampa del puente casi como un animal, yo no llegaba a tanto.
Estuvo cuarenta y dos meses, sin juzgarle, mi madre se inquietaba y él le decía “deja pasar el tiempo , mientras estoy en vida” y es verdad que en áquel entonces en Montjuich caían 6 000 republicanos por día.
Un día de 1942, en Agosto lo soltaron, al pedir el juicio, le dieron la libertad condicional, en su expediente sólo constaban sus opiniones políticas, ninguna sangre. Tiempo al tiempo, sigue pareciéndome más inverosímil que una película.
No era un pronunciamiento, no era una guerra civil, era una cruzada y por eso después de “su victoria “ las iglesias podían servir de cárcel, y las monjas preguntarme cada lunes como iba vestido el cura el domingo para decir misa y castigarme y arrastrarme por todas las Teresianas con un letrero “no ha ido a misa” y exponerme para que las alumnas, mis compañeras, icieran los cuernos del demonio. Era hija de rojo, el demonio. Sentía encima de mí la masa negra triunfante y no había más remedio que la aparente sumisión. Me sentía excluida apestada pero no me sentía sola. Mi madre cuando le contaba alguna vejación me decía “déjalo, son los que han puesto a tu padre en la cárcel” ¡mi padre y yo en el mismo frente!
Había muchos tortosinos que por lo bajo o disimuladamente mostraban su ¿solidaridad? no. más bien era una pena igual, la misma pena me acuerdo de
un comedor oscuro en otra casa con una imagen del Sagrado Corazón encima del bufet y con un guiño una mujer levantaba la imagen y nos mostraba un retrato diciéndonos "es Marcelino
Domingo." Éramos muchos pero aquella guerra la habíamos perdido
Couvents et prisons
Moi, j'étais si petite que j'étais incapable d'évoquer mon père au milieu de ce troupeau de prisonniers... Cependant je l'avais vu à Tarragona, derrière les barreaux, à la Puntxa ( La Flèche), on l'appelle ainsi à cause de son clocher neogothique ou gothique Art Nouveau, il s'agissait d'une église transformée en prison. À Tortosa aussi la Purísima (l'Immaculée), un couvent de clarissesétait en ces temps-là, prison pour prisonniers politiques évidemment, nous étions dans les premières années du franquisme 1940/42.
Nous allions rendre visite à mon père, je ne sais tous les combien, je suppose que c'était quand on nous autorisait. Je me rappelle très bien la première fois, d'abord je l'ai aperçu derrière les barreaux, je l'ai reconnu, une image et une voix gravées en moi. Nous ne l'avions pas vu depuis 1937 quand il avait mobilisé. Les gardiens eurent pitié et nous a laissé entrer, mon petit frère et moi, pas ma mère, Il nous gardait sur ses genoux, enlacés, et nous posait des questions ... mais qu'il marcha ainsi par la rampe du pont, presque comme un animal, je n'arrivais pas jusque là.
Il resta en prison quarante deux mois, sans jugement, ma mère s'inquiétait, et lui lui disait: “laisse passer le temps, je suis en vie” et c'est vrai qu'en ce temps là, à Montjuich, on fusillait 6 000 républicains par jour .
Un jour de 1942, en août, ils le lâchèrent, on demanda qu'il passe en jugement ils le libérèrent, dans son dossier il n'y avait que ses opinions politiques, aucun crime de sang. On avait donné du temps au temps, cela continue de me paraître plus invraisemblable qu'un film.
Ce n'était pas un pronunciamiento, ce n'était pas une guerre civile, c'était une croisade et c'est à cause de cela qu'après “leur victoire” les églises pouvait servir de prison. Et les bonnes soeurs me demander tous les lundis de quelle couleur était, à la messe, l'habit du curé et me punir et me traîner, chaque lundi, à travers tout le couvent des Teresiennes avec un écriteau “elle n'est pas allée à la messe” et m'exposer pour que les élèves, mes camarades, fassent les cornes du diable. J'étais fille de rouge, le diable. Je sentais au dessus de moi, la masse noire triomphante, et je n'avais d'autre solution que la soumission apparente. Je me sentais exclue, pestiférée, mais je ne me sentais pas seule. Ma mère, quand je lui racontais quelque vexation, me disait “laisse tomber, ce sont ceux qui ont mis ton père en prison” mon père et moi sur le même front.
Il y avait beaucoup de concitoyens qui en baissant la voix ou en le dissimulant nous montraient leur... solidarité? non plutÔt une peine semblable, la
même peine, je me souviens d'une salle à manger sombre dans une autre maison avec une image du Sacré Coeur au dessus du buffetet avec un clin d'oeil une femme relevait l'image et nous montrait un
portrait en disant "c'est Marcelino Domingo" nous étions beaucoup mais cette guerre là nous l'avions perdue.