27 agosto 2013
c'est en français l'article publié précendemment en espagnol
J'ai connu Baldo et Velia il y a longtemps, plus de trente ans à Paris où ils faisaient partie du cercle de Maité. Maité nous réunissait autour « des cochonailles» tout ce que du cochon, après la …. ne peut se conserver et doit être mangé rapidement. Ça devait être dans la deuxième moitié des années 70. Maité l’universitaire, le maître de la recherche en Histoire possède l’Art de rappeler à « l’intelligentsia » que les plaisirs matériels ou matérialistes existent aussi.Par la suite nous nous voyions souvent, avec le couple en ville, avec Velia à l’Opéra où nous entraînait Maité(toujours), avec Baldo aux expositions Comme vous voyez l’Homme ne vit pas que de pain.
Les tableaux de Baldo m’ont toujours fascinée, quand je les regarde à chaque fois je découvre du nouveau. Je me demande où réside leur richesse, leur splendeur, la plénitude que je ressens en les contemplant. Réside-t-elle dans la simple association des thèmes ?
Une de ses photos, des jeunes pris de dos, lui servit de modèle. Ils évoquent la jeunesse, l’amour et pour quoi pas la joie? Il ne s’agit pas d’un couple, ils sont tout un groupe…il y a un troisième personnage et deux autres esquissés à gauche qui le suggèrent et tous regardent en avant avec beaucoup d’attention. Au premier plan un tas de journaux, tout le poids de l’actualité, toute l’attention qu’on leur prête, qu’on leur a prêtée en tas par terre et eux come les papiers en morceaux.
Pour moi tout mai 68 est dans ce tableau… cependant cela peut être plus universel encore, peut être « la jeunesse oublie, nous oublions que la Fureur du Monde continue… et peut l’écraser, nous écraser »
Après la mort de Velia, Baldo abandonna Paris et maintenant il habite à Bascuas (Lugo) chez ses neveux Toño et Carmen qui sont aux petits soins et l’adorent comme un trésor (ce qu’il est ) Baldo est le Baldito de Carmen et le Baldomero Pestana du monde artistique
http://baldomeropestana.com/?m=7&t=1
Alors cet été 2013, je suis partie le voir, les voir tous, dans leur Galice natale, et hier (le 7 juillet) nous sommes allés « a feira » au village où naquit Baldo Castroverde à une vingtaine de kms de Lugo.
A feira à Castroverde a la saveur des foires d’antan, on entend parler galicien, tous se connaissent… et connaissent Baldo… et Toño… et Carmen, ils le saluent et viennent parler avec Baldo
Les chataigniers donnent leur ombre précieuse dans ses journées ensoleillées de la Galice (je dirais que c’est un mythe de la Tele que de dire qu’il pleut en Galice si je n’en avais souffert d’autres fois, je me souviens surtout de cette journée à Santiago, en 2010, sous un rideau continu d’eau tombant du ciel, sic) et pour couronner la matinée une ration de poulpe a feira servie dans une assiette en bois, je n’en ai jamais mangé d’aussi délicieux !
Ensuite je m’enquis de la maison où est né Baldo, c’était à Pozos, parroquia de Bolaño toujours à Castroverde mais dans la campiña, à quelques kms. Nous y sommes allés avec Toño, c’est en face de la maison où naquit celui-ci, que son frère habite et travaille la proprieté.C’était passionnant de voir cette imposante maison endormie pour la sieste, d’écouter les souvenirs d’enfance de Toño, de voir les trous dans les murs d’ardoise où il dénichait les nids d’oiseau dans la verdure ensoleillée… mais nos yeux s’en allait vers les ruines en face, ruines de la vie, la maison en ruines où en 1917 naquit Baldo, d’où il partit à 4 ans, depuis lors à l’abandon. Cependant la maison avec la profusion barroque de l’un de ses dessins continue de respirer et le lierre se lève, et allonge ses bras, au moins trois troncs-racines pour le retenir, pour aller le chercher de l’autre côté de l’Océan.
Car Baldo est parti à quatre ans rejoindre sa mère, partie deux auparavant en Argentine. Moi habituée aux voyages du troisième millenaire je ne m’étais jamais demandé comment était-il parti à 4 ans
"avec sa grand’mère et le reste de la famille."
C’est ainsi que la maison resta seule et abandonnée. Et devant mes yeux surgit Baldito enfant soulevant un rideau de dentelle qui regarde dans la rue un monsieur de dos, vêtu de la veste en cuir caractéristique de mon ami parisien. Je contemple le tableau où Baldo adulte observe Baldito enfant qui l’observe à son tour son doigt sur les lèvres lui indiquant que leur secret ne concerne qu’eux mêmes.