Y tuve suerte.
Huesos por todas partes, heridas físicas y morales por doquier y por encima de todo : miedo, un miedo cerval, lo quisieron sembrar en 1936 en la ruta de la Muerte (Extremadura), pensaban que así Madrid caería enseguida.. No cayó. Casi tres años de conflicto no les bastaron... tuvieron que seguir matando…hasta dos meses antes de la muerte del dictador ... y sembraron no el miedo sino el terror. El pavor floreció en sus filas y por todas partes ...para siempre
Mi padre tenía razón cuando perdió los papeles y hasta el anillo de casados en una alcantarilla, cuando no quería acelerar la demanda de juicio, cuando decía “estoy en la cárcel pero estoy con vida”
¿Por qué yo tengo suerte? o aquella niña del Hostaler tuvo suerte, porque no vio como el anciano del otro día en CastillaLeon que se llevaban a su padre en un camión diciéndole que no le iban a hacer falta ni la chaqueta ni la manta que le proponía su madre, porque más allá del recodo del camino moriría, le matarían y pasarían setenta años o más hasta que descubrieran sus huesos en una fosa común Y tuvieron que esperar setenta y pico de años , otros aun esperan .
Dicen que en la fosa del cementerio de San Rafael, en Málaga, los trabajos de exhumación concluyeron que solo en esta fosa fueron enterradas 4.177 personas, ¿cuántos dejaban hijos desesperados y desamparados, esposas y madres desesperadas y desamparadas?
También tuve suerte porque nadie en mi familla -tanto en la paterna como en la materna- me dijo nunca que mi padre no llevaba la razón, nadie nunca.
(Eso de la suerte es según se vea porque Carlos Saura y Fernando Arrabal crearon dos magníficas películas La Prima Angelica y Viva la Muerte con las críticas de la familia materna a sus respectivos padres y yo ninguna).
Me tocaba hablar de mi familia materna los Fornós, pero cada día el periódico trae exhumaciones de fosas (hoy Tenerife, al pie del Teide): España entera es una tumba y aspira a más... (cf denuncia al juez Garzón) y el miedo saca su horrible y gigantesco hocico "¿qué van a sacar removiendo viejas historias?" dice el Miedo y también "vamos a pagar impuestos para eso":
Allá ellos
" dejad que los muertos entierren a sus muertos" decía poco más o menos el poeta
El niño de dos años, que ahora tiene 72, tiene que callar? y no saber nunca jamás que a sus padres les mataron a traición, que era contra toda justicia, contra la humanidad, y la reparación se la damos cuando le devuelven lo que queda de dos jóvenes maestros republicanos de 28 años con un niño de dos años.
Des os et la peur
J'ai eu de la chance.
Des os partout, desblessuresphysiques etmoralesn'importel'endroit etpardessus tout: la peur,une peur de cerf aux abois,ilsvoulurent lesemeren 1936sur la route de la Mort en Extremadoure,ilspensaient qu'ainsi Madridtomberaitplusvite.Il ne se rendit pas.Ils n'en eurent pas assez avec trois ans deconflit...ilsdurent continuerdetuer...même deux mois avant lamort (dans son lit) du dictateur. Et ils semèrent non la peur toute simple mais la terreur.L'épouvante fleurit dans leurs rangs et ailleurs...pour toujours.
Mon père avait raison quand il perdit ses papiers et même son alliance dans un tout à l'égout,quand il ne voulait que l'on accelère son jugement,quand il disait "je suis en prison, quarante et deux mois, mais je suis en vie"
Pour quoi j'ai de la chance? ou l'enfant de l'Hostaler eut de la chance? Parce qu'elle n'a pas vu, comme le vieillard de l'aure jour en Castilla Leon qu'on emportait soe parents en leur disant que ce n'était pas la peine de prendre "ni une veste ni une couverture" simplement parce qu'on savait qu' au delà du tournant ils seraient morts et il allait falloir plus de 70 ans pour retrouver leurs os dans une fosse commune. Lui les a retrouvés d'autres ils attendent encore.
On dit que dans la fosse du cimetière de St Rafael à Malaga les travaux d'exhumation revelèrent que dans cette fosse la plus grande d'Espagne ils avaient enterré 4177 personnes, combien laissaient des enfants desesperés et desemparés, des épouses et des mères desesperées et desemparées? J'ai eu aussi beaucoup de chance parce que personne dans ma famille - aussi bien la paternelle que la maternelle- ne m'a jamais dit que mon père n'avait pas raison, jamais personne.
(Cette histoire de chance c'est une question de point de vue parce que
Carlos Saura et Fernando Arrabal ont créé deux films magnifiques La Prima Angelica y Viva la Muerte à partir des
critiques que leur familles maternelles faisait à leur père républicain) et moi je n'ai rien créé.
Je devais, c'était leur tour, parler de ma famille maternelle, les Fornós, mais chaque jour le journal (aujourd'hui Tenerife au pied du Teide) l'Espagne toute entière est une tombe et elle en veut davantage (cf l'affaire Garzon) et l'horrible et gigantesque gueule de la peur apparaît: "que vont-ils faire ressurgir en remuant leurs vieilles histoires?" dit la Peur et elle dit aussi "nous allons payer plus d'impôts à cause de cela"
Grand bien leur fasse.
"Laissez les morts enterrer leurs morts" disait le poète.
Le garçon de deux ans, qui en a 72 aujourd'hui, devrait se taire? et ne jamais savoir que ses parents furent tués à trahison, c'était un crime, un crime contre
l'Humanité et c'estune réparation que de lui donner les restes de deux jeunes maîtres d'école républicains avec un fils de deux
ans.